Les fusions et acquisitions au Canada en 2025

Défi de la productivité au Canada et opportunités de transactions futures

Le marché canadien des fusions et acquisitions s’est stabilisé et montre des signes de légère reprise. Toutefois, bien que les investisseurs soient impatients de voir se terminer la baisse d’activité qui a marqué ces dernières années, la remontée sera vraisemblablement plus modérée en comparaison avec l’abondance de transactions que nous avons connue à la fin de 2020 et en 2021.

Entre le 1er juillet et le 30 novembre 2024, 1 068 transactions ont été conclues au Canada, pour une valeur totale de 227 G$.1 Au premier semestre de 2025, nous nous attendons à ce que les marchés canadiens des fusions et acquisitions poursuivent cette trajectoire légèrement ascendante, avec une augmentation régulière de l’activité à mesure que l’année avance.

L’incertitude entourant les tarifs douaniers et le maintien du libre-échange en Amérique du Nord avec l’arrivée de la nouvelle administration aux États-Unis pourrait retarder des transactions qui auraient autrement eu lieu au Canada. D’autre part, nous pourrions assister à une augmentation du nombre de transactions conclues par des entreprises canadiennes qui souhaitent s’implanter aux États-Unis afin de réduire potentiellement le risque de perdre des parts de marché.

Volume et valeur des transactions canadiennes par trimestre

Pour l’avenir, une caractéristique importante fait tache dans le paysage économique canadien : la faible croissance de la productivité. Cela se reflète dans la lente croissance du produit intérieur brut (PIB) par habitant du Canada par rapport à celui de la plupart des pays développés. Par exemple, en 1980, le PIB par habitant du Canada représentait 88,6 % de celui des États-Unis. En 2023, ce pourcentage a baissé à 75,8 % (mesuré en dollars américains à parité de pouvoir d’achat constante). Au cours des derniers trimestres, le PIB par habitant du Canada a diminué en dollars constants,2 ce qui entraîne des répercussions importantes sur la croissance économique, le niveau de vie et la compétitivité à l’échelle mondiale.

Dans cette édition de notre compte-rendu annuel sur les fusions et acquisitions au Canada, nous explorons les facteurs qui contribuent à cette crise de la productivité, les leviers que les investisseurs pourraient utiliser pour aider à inverser cette tendance et les opportunités en matière de transactions.

Comprendre la crise de la productivité au Canada

Contrairement à l’idée reçue, le retard de productivité au Canada n’est pas un phénomène de la dernière décennie. Il s’agit plutôt d’un problème persistant qui remonte aux années 1980 et au début de la révolution numérique marquée par l’introduction de l’ordinateur personnel. Deux facteurs principaux expliquent ce retard pour le Canada : 1) l’incapacité à s’adapter à la révolution numérique et à se transformer en une véritable économie de la connaissance et 2) l’incapacité à tirer pleinement parti de ses richesses naturelles.

L’évaluation de la productivité repose sur trois indicateurs clés :

Productivité du travail

Les compétences spécifiques des effectifs, ainsi que leur souplesse, leur mobilité et leur propension à travailler davantage sont des éléments cruciaux de leur productivité. En 1970, la productivité du travail au Canada, évaluée sur la base d’une heure de travail, représentait 84,9 % de celle des États-Unis. En 2022, elle est tombée à 71,1 %.3

Intensité en capital

Toutes choses étant égales par ailleurs, plus une économie est capitalistique, plus la productivité du travail y sera élevée. À l’ère de la révolution numérique, il ne s’agit pas seulement d’actifs corporels, mais aussi, de plus en plus, de propriété intellectuelle et de savoir-faire.

Une étude de la Banque TD a déterminé qu’entre 2000 et 2023, les dépenses d’investissement par employé aux États-Unis ont augmenté d’environ 60 %, alors qu’au Canada, elles ont à peine changé au cours de la même période.4 Le Canada a également enregistré une baisse des investissements en recherche et développement (R&D). En 2022, le Canada a consacré 1,71 % de son PIB à la R&D, tandis que les États-Unis, dont l’économie est environ 12 fois plus importante, y ont dépensé 3,59 % de leur PIB.5

Productivité multifactorielle

La productivité multifactorielle mesure l’efficacité de l’utilisation combinée du capital et du travail. Des facteurs comme l’adoption de l’innovation, les pratiques de gestion, le contexte commercial et la compétitivité y jouent un rôle crucial. Au cours des quatre dernières décennies, la productivité multifactorielle du Canada a augmenté deux fois moins vite que celle des États-Unis. Il s’agit d’une preuve de plus que le Canada n’a pas réussi à développer la propriété intellectuelle et le savoir-faire propres qui doteraient les entreprises canadiennes d’un avantage pouvant être converti en rente économique.

D’après nos recherches, le système canadien d’incitation à la création et à la commercialisation de la propriété intellectuelle n’encourage pas la croissance des entreprises, ce qui fait qu’une grande partie de notre propriété intellectuelle est commercialisée aux États-Unis. Par conséquent, le Canada a eu du mal à créer de grandes entreprises de calibre mondial et à retenir et à attirer des employés hautement qualifiés.

Comment remédier au retard de productivité?

La stagnation économique n’est pas une option, car elle pourrait entraîner l’économie canadienne dans un cycle négatif. Une faible productivité pourrait réduire la capacité du Canada à fournir des services publics essentiels, ce qui rendrait le pays moins attrayant pour les travailleurs qualifiés. Un tel scénario accélérerait le phénomène de « fuite des cerveaux » et diminuerait l’attrait du Canada pour les immigrants qualifiés.

Si les gouvernements peuvent créer des conditions propices à une augmentation de la productivité, les entreprises peuvent elles aussi prendre des mesures dans ce sens. Voici quelques mesures qui, selon nos études, pourraient remédier à certains des principaux facteurs de faible productivité dans les entreprises canadiennes :

  • Élaborer des stratégies d’acquisition qui évitent le piège de tenir pour acquis que la progression dans le secteur d’activité en question est linéaire. Il convient de tenir plutôt compte de l’évolution des tendances mondiales susceptibles d’influencer la demande et l’offre ainsi que les chaînes d’approvisionnement sur les marchés dans lesquels l’entreprise exerce ses activités.

  • Effectuer continuellement des analyses de marché concernant les technologies émergentes dans son domaine d’activité, ainsi que les entreprises qui les utilisent ou qui les développent.  

  • Évaluer en permanence l’offre de main-d’œuvre afin d’identifier les futures pénuries potentielles dans les professions clés et élaborer une stratégie (interne ou externe) pour y remédier.

  • Développer l’entreprise, car les progrès technologiques créent souvent un scénario où le gagnant emporte tout. Dans de nombreux secteurs, l’entreprise doit être suffisamment grande pour aspirer à devenir leader mondial de son créneau.

Transformation en action : les services financiers

Comme pour les années précédentes, le secteur des services financiers au Canada reste très actif en matière de fusions et d’acquisitions. Nous constatons un volume important (et souvent des transactions de taille considérable) motivé, dans de nombreux cas, par la volonté de se transformer au moyen d’une stratégie de croissance externe.

Les défis macroéconomiques, tels que les taux d’intérêt durablement élevés et les perturbations du commerce mondial, ainsi que les changements démographiques et les préférences des clients, incitent de nombreux acteurs du secteur à chercher de nouvelles façons de faire des acquisitions et de croître, ainsi que d’optimiser leur interaction avec la clientèle.

De nombreuses transactions dans ce secteur portent sur des activités liées à la technologie. Les acquisitions de ce type aident les entreprises de services financiers à s’améliorer et à réduire leurs coûts grâce à des technologies habilitantes, notamment les plateformes fondées sur l’infonuagique, l’intelligence artificielle (IA) et l’apprentissage automatique. Nous prévoyons une année chargée, car les organisations de services financiers continuent de chercher des moyens de réinventer la façon de générer de la valeur.

Un rôle pour le capital-investissement dans la réinvention

Le capital-investissement a grandement facilité la transformation économique.

Une étude que nous avons menée en 2020 sur l’impact du capital-investissement canadien pour les petites et moyennes entreprises a révélé qu’en moyenne, les dépenses d’investissement, la productivité et la rentabilité ont considérablement augmenté au cours des trois années suivant l’apport initial de capital-investissement, comparativement au groupe de pairs ne bénéficiant pas de ce type financement. L’amélioration de la productivité et de la rentabilité ne s’est pas faite au détriment de l’emploi, puisque celui-ci a également augmenté par rapport aux entreprises de référence non financées par capital-investissement. Cela indique que les entreprises ayant accès au capital-investissement atteignent un niveau plus élevé de productivité multifactorielle, un paramètre clé dans l’évaluation de la productivité globale.

Ces résultats sont obtenus grâce à l’expertise et à l’expérience propres au secteur ainsi qu’aux importantes ressources en capital qu’apportent les fonds de capital-investissement, lesquels adoptent souvent une stratégie de regroupement, qui consiste à réunir de petites entreprises complémentaires pour atteindre l’échelle nécessaire afin de soutenir l’investissement en automatisation et en technologie.

Grâce à cette capacité, le capital-investissement est en mesure de transformer le secteur manufacturier canadien. En mettant à profit son expertise sectorielle et son savoir-faire en matière de regroupements et de déploiement de capitaux, le capital-investissement pourrait générer des rendements financiers pour ses commanditaires, ainsi que des gains de productivité qui servent les intérêts de l’économie canadienne.

Par ailleurs, nous entrevoyons des opportunités dans le domaine de l’automatisation, qui est un élément fondamental de l’amélioration de la productivité manufacturière. La crise de la productivité au Canada et l’accélération de la tendance à la délocalisation régionale aux États-Unis (qui entraîne une hausse des coûts de fabrication) laissent prévoir un accroissement à court et à long terme de la demande d’automatisation industrielle et de technologies d’automatisation.

Autres opportunités pour les investisseurs en 2025

Alors que les entreprises et les gouvernements au Canada prennent des mesures pour améliorer la productivité nationale, nous prévoyons que le volume de transactions sera influencé par la transformation économique. Compte tenu des changements à venir, on peut s’attendre à ce que l’activité s’articule notamment autour des axes suivants :

Mise à l’échelle d’entreprises dans des domaines tels que la fabrication de pointe et la haute technologie, où des possibilités de développement et de commercialisation de la propriété intellectuelle existent.

Regroupement d’entreprises dans des secteurs vulnérables aux bouleversements technologiques.

Transactions dans des secteurs qui verront la demande pour leurs produits augmenter à l’échelle mondiale et où le Canada a le potentiel de devenir un leader mondial, comme l’énergie nucléaire, la technologie agricole et les minéraux critiques. Il est à noter que dans bon nombre de ces domaines, le gouvernement canadien offre un soutien supplémentaire au moyen de crédits d’impôt remboursables pour l’économie propre.

Transactions dans les technologies de soins de santé. Si le Canada veut maintenir et améliorer son système de santé face à une population vieillissante, il doit développer et adopter des technologies qui lui permettront de faire plus avec moins. Des sociétés qui développent des propriétés intellectuelles dans ce domaine présentent donc des opportunités de transactions.

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Les transactions offrent la possibilité d’accélérer la croissance, de renforcer les capacités et d’amorcer une transformation radicale.

1 Source: Capital IQ data, analyse de LMC Canada.
2 Source: International Comparison Program, World Bank Group, -consulté le 3 décembre 2024.
3 Source: “Canada’s Growth Challenge: Why the economy is stuck in neutral,” RBC Economics, 4 juin 2024.
4 Source: “Mind the Gap: Canada is Falling Behind the Standard-of-Living Curve,” Marc Ercolao, TD Economics, 13 juillet 2023.
5 Source: “Leading countries by research and development (R&D) expenditure as share of gross domestic product (GDP) worldwide in 2022,” Einar H. Dyvik, Statista, 4 juillet 2024.

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